Cet endroit, laissé à l’abandon par la mairie, a été repris par les skateurs du coin. Des rampes ont été installées sur le sol bétonné et des caisses trouves ici et là servent de bancs. Le tout a été joliment décoré par des tagueurs doués – le genre qui ne se contente pas d’écrire juste son blaze sur un mur. Les vendeurs de nourriture ambulants sont nombreux à s’arrêter là, même s’ils n’ont pas le droit : les personnes fréquentant ces lieux sont toujours d’accord pour acheter une pizza (même s’il est 15h) au marchand qui passe ! Quoi de mieux que de réconforter son ami, qui vient de se torcher lamentablement, avec une part de pizza hawaïenne ?

De la musique répétitive et des plumes roses ! Cette boîte de nuit est connue pour ses soirées déguisées, ses cocktails abordables, ses toilettes propres et le taux élevé d’homosexuels hommes dans sa clientèle. Pour passer une soirée entre filles sans trop craindre de se faire aborder par des mâles en ruts, c’est le bon coin… mais vous messieurs, faites attention à vos fesses si vous ne voulez pas qu’elles se fassent pincer par un chauve de deux mètres aux allures d’armoire normande… Il y a aussi pas mal de drogues qui tournent dans les lieux et au grand dam des propriétaires de cette boîte, les visites policières sont nombreuses… de quoi bien refroidir l’ambiance.

Ce bar, qui n’ouvre que de dix-huit heures à trois heures du matin, chaque nuit, est bien bizarre ! On y sert quasi-exclusivement que des alcools forts et les cocktails sont là bien dosés. L’ambiance est à donner envie, aux plus timides, de danser sur les tables : la musique, électronique, est forte et les corps très proches… On y rencontre aussi énormément de créatures inhumaines, sans que cela soit vraiment explicable. Peut-être parce que le patron n’est lui-même pas humain ? D’ailleurs, une fois par mois, ce dernier organise des combats illégaux dans la cave de cet endroit, entre créatures. Et, certains humains, chanceux (et au porte-monnaie bien fourni), peuvent les observer et parier sur qui sera le vainqueur.

Un petit restaurant comme on en trouve peu, dans Venise ! Perdu dans une rue où les passants se font assez rares, U propose des plats typés slaves : on trouve là du bortch, ou des pielmenis. La spécialité de cet endroit est un dessert : des raviolis fourrés à la cerise griotte. Hélas pour les amateurs de crème fraîche et pommes de terre, les horaires d’ouvertures de ce magasin sont très limités : U ouvre uniquement le soir, du mardi au samedi, les propriétaires du lieu étant quatre étudiants slaves qui sont encore en études. Difficile de concilier la tenue d’un restaurant et le rythme universitaire… voilà de jeunes personnes très courageuses !

L’Académie des Beaux-Arts est, depuis 2004, occupante de ce bâtiment. On y croise évidemment beaucoup d’étudiants, qui ne cessent de s’excuser quand ils passent dans les couloirs exigus avec leurs cartons à dessins immenses, ou leurs poteries encore fraîches. Des cours de technique et de pratique sont donnés là, dans des amphithéâtres de deux-cent places ou des petites salles de trente chaises, aux sols maculés de peinture. Cet établissement universitaire a bonne réputation et fiers sont les personnes y étant. Peut-être que de là viendra le futur grand-maître de la peinture italienne ; mais pour le moment on trouve là plutôt les grand-maîtres de la sieste en cours.

L’Académie des Beaux-Arts ne se trouvant pas loin, on trouve quelques studios estudiantins dont les poignées de portes sont couvertes de peintures ; mais ils ne sont pas la majorité. Ici, on trouve surtout des étrangers. Diverses diasporas se sont installées là, se faisant réunir ensemble des nationalités différentes. C’est un quartier où il fait bon vivre si on aime la diversité. D’ailleurs, les loyers et habitations sont aussi diverses, par ici, toutes les bourses peuvent trouver un lieu où vivre. Néanmoins, les tensions sont courantes par ici, du fait des façons différentes de vivre des uns et des autres... les match de foots internationaux sont souvent des prétextes à des débordements.