C’est un espace luxueux au sens matériel et intellectuel du terme : des tables et chaises en acajou massif, d’immenses étagères aux coins joliment sculptés, des présentoirs emplis de pierres précieuses, d’animaux naturalisés, de squelettes divers et de parchemins magiques en vélin… cet endroit est une pure merveille, où les murs sont couverts de livres, du sol au plafond. Oui, c’est le genre d’endroits où on doit prendre une échelle pour aller chercher un bouquin… mais si vous avez le vertige, pas de soucis ! Demandez de l’aide à l’un des bibliothécaires qui rôdent dans ces lieux – promis, ils n’ont jamais mangé personne. Aucun bruit ne résonne là, les pas sont étouffés par une épaisse moquette bordeaux aux motifs dorés et les claviers des ordinateurs mis à disposition des employés ont été munis des tours et des claviers les plus silencieux possibles. Tout est fait pour que le silence soit ici roi !

Elle sert à la direction du C.R.P.S., qui doit souvent réunir les personnes les plus influentes du Centre pour prendre des décisions. On peut mettre dedans, au maximum, une quarantaine de personnes. Les meubles sont disposés de façon classique : une grande table dont on peut changer la taille grâce à des rallonges, entourée de chaises. Un rétroprojecteur, quelques armoires. La décoration est neutre ; le tout semble sans attrait. Néanmoins, de simples salariés utilisent souvent cette salle, avec ou sans autorisation... il est rare que quelqu’un pense à en fermer les portes après les réunions et donc, quiconque le veut peut s’y infiltrer ! Cet endroit est devenu la salle à manger de certains, ou la salle à copuler d’autres... Des fêtes y ont même été organisées. Bref, avant qu’une réunion ait lieu ici, mieux vaut vérifier que tout soit en état et que rien de dérangeant ne traîne. Anecdote : un des placards de cette salle, dont la clef a été perdue, est dit renfermer un objet étrange.

Mis en place sur l’île dans les années 1380 pour incinérer les personnes atteintes de la peste bubonique – vivantes ou non – et améliorés lors des épidémies de 1770 et 1630, les incinérateurs sont des objets lourds d’histoires et de rancœurs. Même les plus mauvais médiums sont capables de percevoir l’énergie négative qui en émane. Aujourd’hui, un seul incinérateur sur les trois fonctionne encore. Il est parfois utiliser pour faire disparaître des preuves gênantes, comme les restes de monstres inhumains… Néanmoins, il n’est plus question de déverser les cendres dans les champs de l’île, comme on faisait lors d’épidémies de peste : à présent, chaque créature à le droit à une urne et une place dans le mausolée. On peut mettre, dans un seul incinérateur, une cinquantaine de corps humains à la fois. La salle où ils se trouvent est sans décoration et rarement nettoyée, ce qui renforce l’air lugubre du lieu.

Il existe deux sortes de chambre. Les premières sont petites et peuvent contenir uniquement un lit double et un bureau. Il s’agit en fait des anciennes cellules des malades et certaines ont encore des murs capitonnés… ce qui est chouette, lors de batailles de polochons ! On peut s’en donner à cœur joie et balancer son camarade contre le mur, pour l’achever à coup de traversin… Les secondes sont plus grandes, car il s’agit d’anciens bureaux : la plupart sont divisées en deux pièces : l’une où se trouve une kitchenette en face de laquelle on peut placer un lit double et quelques meubles ; l’autre où se trouve une salle de bain ridiculement petite. Certaines chambres sont plus spacieuses, la plus grande ayant cinq pièces – mais elles sont généralement réservées aux employés vivants avec leur famille.

La salle de bain a été entièrement refaite il y a de cela trois ans, après qu’un accident impliquant trois corgis, une nymphe et une tartelette aux groseilles ait tout ravagé. Et cela, pour le bonheur des habitants des lieux : fini, les baignoires simplement séparées par des rideaux ! A présent, cette salle se compose de plusieurs cabines, chacune contenant une douche, un lavabo, un banc et un miroir, pour pouvoir se sécher et se percer les boutons faire beau en paix. Pour des questions d’hygiène et de confort, les toilettes se trouvent dans une pièce à côté et sont, comme dans les lieux publics, séparées les unes des autres par des cloisons et font face à des lavabos. Les murs sont peints en blanc et beige et le carrelage est bleu foncé.

La cuisine est certainement hantée, car beaucoup de choses disparaissent dans cette pièce : certains ne retrouvent plus leur reste de frites, leur salade d’endives aux fraises ou leur fourchette pliable… de nombreux post-it réclamant que les biens volés soient restitués jonchent les murs bleu ciel et sont bien la preuve que quelque chose d’anormal se trame ici… ou alors, tous les salariés du C.R.P.S. sont des voleurs sans scrupules qui aiment se dépouiller les uns les autres ! L’endroit est sinon propre, bien rangé et spacieux. Les placards sont toutefois plutôt vides, comme les trois réfrigérateurs qui se trouvent là… en même temps, qui a envie de laisser quoi que ce soit dans ce lieu où tout disparaît après 48h ? Trois tables de couleur jaune entourées de six chaises chacune occupent l’espace et, chose étrange, un tapis persan est cloué au plafond… étrange, non ?

Cette pièce sert de lieu de réunion le soir devant la télévision. C’est une grande salle décorée dans les tons verts, aux rideaux toujours tirés, plongeant ce lieu dans l’obscurité. Un vidéoprojecteur, dirigé vers un mur blanc, permet aux pensionnaires des lieux de ce faire des soirées cinéma inoubliables. Pour leur confort, ils ont amenés dans cette pièce des canapés, des couvertures et même des vieux matelas. On trouve, aussi, des paquets de chips oubliés et des bouteilles de boissons gazeuses vides. Ce sont les restes des précédentes soirées et la preuve que certains se sentent vraiment bien ici ! Aussi, la décoration change selon les fêtes : un sapin pour Noël, des masques et des guirlandes de perles lorsque le carnaval de Venise se prépare…

Voilà un lieu où rares sont ceux qui osent s’aventurer ! Il y fait sombre, humide et très chaud et quelques monstres, paraît-il, y rodent… des membres du C.R.P.S., un peu étranges, ont demandé à ce que leur chambre et bureau soit installé là. Ainsi, une partie a été aménagée en petits appartements de trois pièces : chambre et bureau, salon et kitchenette, puis salle de bain. Mais le tout sans fenêtres... On a accès à cette partie du bâtiment via une trappe située en-dehors du C.R.P.S., dans un coin ombragé du jardin. Les personnes vivant là sont si discrètes qu’elles préfèrent éviter le reste du bâtiment ! Néanmoins, un second accès, caché dans le cellier, permet de se rendre au sous-sol. Mais avant d’accéder aux chambres qui s’y cachent, il faut passer par de longs couloirs, emplis d’anciens objets datant de l’époque où le lieu était un hôpital psychiatrique. Des lits avec des sangles, des électrochocs… que de joie !

Si jamais quelqu’un lançait une allumette ici, ce serait la fin du bâtiment tout entier. Ici se trouvent les archives qui sont encore, majoritairement, sous forme de papiers. La numérisation des documents du C.R.P.S. a commencé il y a deux ans environ, après qu’ait été perdu un papier extrêmement important, dans les archives ! Il fait aussi très chaud ici car c’est là qu’ont été placé les serveurs informatiques du Centre, ainsi que le bureau des informaticiens des lieux (chargés de la maintenance informatique mais aussi, de la numérisation des documents). Il n’est pas rare que certains employés viennent, en hiver, prendre leur pause-café ici… la température est toujours, ici, supérieure à 25 degrés. Mais il faut alors faire abstractions des posters pornographiques lesbiens et de la collection de poupées sans têtes qui décorent ce lieu. Bizarre, n’est-ce pas ?

Si vous cherchez une râpe à gruyère jaune fluo ou une queue de démon séchée, rendez-vous là ! Dans cet endroit mal éclairé est entreposé tout un tas de choses que le C.R.P.S. a, mais ne sait quoi faire avec. Et, bien souvent, ce qui arrive là est oublié à jamais. Que ce soit un tableau valant plusieurs millions ou une boîte dans laquelle est enfermé un esprit vengeur. En même temps, ici, rien n’est trié, ni même recensé ! Ce qui est dangereux quand on y pense… et si jamais un employé en manque d’argent venait ici se saisir d’une épée magique pour la vendre sur Internet ? Quels dégâts ! Une simple serrure garde les portes de cette grande pièce fermées et il est simple d’obtenir la clef permettant de les ouvrir : il suffit de dire que l’on a besoin de déposer ou de prendre quelque chose dans cette pièce pour l’obtenir auprès d’un des bibliothécaires.

On en trouve de toutes tailles et de toutes couleurs, leur décoration étant laissée à ceux y travaillant. Certains sont spacieux et comprennent jusqu’à quatre bureaux, d’autres sont plus petits et ne peuvent contenir qu’une personne… Cette partie du bâtiment a été refaite il y a dix ans, à la va-vite : les murs fins laissent entendre tout ce qui se passe dans chaque bureau. Cela en amuse certains, qui communiquent entre eux en criant, et plus personne ne peut ouvrir un paquet de chips sans que les travailleurs aux alentours le sachent… et viennent en réclamer un peu. Tous les bureaux sont alignés des deux côtés d’un couloir et s’étendent sur deux étages, les derniers du premier étage étant inutilisés et servant de débarras. Le plus grand bureau est, évidemment, celui du directeur. Il faut toutefois savoir où le trouver car rien n’est indiqué sur sa porte et il se trouve au deuxième étage, tout au fond.

Les cellules sont des pièces spécialement aménagées pour garder, en sécurité, des êtres dangereux ou étudiés par les scientifiques du C.R.P.S. Chaque cellule est aménagée selon la nature de chacun ce qui fait que ce lieu est toujours en travaux : il faut faire une salle d’eau, ou doubler les murs de plaques en cuivre… que de travail ! Aussi, le tout est extrêmement protégé : des patrouilles gardent l’endroit et chaque personne désirant entrer là ne peut le faire qu’en ayant prévenu au moins 48h à l’avance et doit, en plus, présenter une autorisation du directeur. Et les examens se font sous l’œil sévère des gardiens de cet endroit, que l’on nomme affectueusement les cerbères. Des chiens de garde ultra-efficaces, qui constituent la troupe de combat du C.R.P.S.

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Petite et sobre, ses vitraux représentent les douze apôtres et sur les murs, des tableaux de grande beauté cachent les fissures que le temps a creusé dans les murs. Cet endroit n’est pas uniquement réservé aux catholiques : tous les chrétiens s’y rendent et même, on peut y croiser des juifs et des musulmans en pleine prière ! La chapelle n’est plus que la maison du Dieu catholique, mais la maison de toutes les croyances. Evidemment, ce sujet est l’objet de discussions enflammées et de revendications tout à fait sensées… s’ils le pouvaient, les juifs et les musulmans aimeraient avoir leur propre lieu de prière au C.R.P.S. ! Mais en attendant, tous occupent à tour de rôle cet endroit sacré. C’est un endroit clair, calme, où il fait bon en été comme en hiver, parfait pour méditer ! Et même, sur les parois de craie, ont été pendus des reliques de religions diverses.

Le Mausolée a été construit sur un ancien cimetière, dont les plus vieux morts dateraient de 420 environ. Il fut érigé pour recevoir les corps des patients de l’hôpital psychiatrique construit ici en 1922, qu’aucune famille ne venait réclamer. Les corps étaient mis dans des fosses communes, comme des anonymes inutiles… il y en a eu des morts, à cette époque ! A présent, le sol a été carrelé, empêchant la réouverture des fosses communes et dans les murs ont été creusées des niches dans lesquelles sont disposées des urnes funéraires, toutes nominales. Ce sont les cendres d’anciens du C.R.PS. qui même après leur mort désiraient rester sur leur lieu de travail, ou des monstres qu’il était plus prudent d’incinérer, pour garder le secret de leur existence. En apparence, le lieu est propre et moderne on est loin de se douter qu’en dessous, des centaines de morts reposent, leurs os en vrac.

Rares sont ceux qui osent s’y rendre. Simple tour au sommet duquel se trouve une cloche et une lampe (le clocher ayant servi de phare pendant un moment) auxquelles on accède via une échelle, le clocher semble bien banal en apparence. Néanmoins, de noires histoires tournent autour. Un docteur en psychiatrie serait un jour, devenu fou et aurait massacré de nombreux patients avant de s’enfuir vers le clocher, et de se jeter de son sommet… une chute fatale. Depuis, on dit que son esprit erre là et, peu désireux d’être dérangé, chasse toute personne osant venir le déranger. Le clocher est donc laissé à l’abandon, peu de personnes se risquant à y entrer.

La seule façon d’accéder au C.R.P.S. est par téléportation, vol, hélicoptère ou voie maritime – et c’est ce dernier moyen qui est le plus couramment utilisé. Il existe trois petits bateaux, qui chaque jour font plusieurs allers et retours entre le C.R.P.S. et Venise. Ne pensez toutefois pas vous en servir sans l’accord du marin qui les entretient, seul autorisé à les manœuvrer ! Aussi, beaucoup aiment venir là, s’installer sur les bites d’amarrage pour nourrir les mouettes et observer la mer. Le matin, on peut observer, de front, le lever du soleil. On peut aussi y croiser des apprentis pêcheurs, qui rêvent de sirènes et monstres marins. Sauf que dans les eaux de Povgelia, on n’attrape jamais rien.

On appelle les champs cette grande étendue verdoyante, séparée du reste de l’ile par un canal. Suite à la fermeture de l’hôpital psychiatrique, le gouvernement a tenté d’en faire une terre de culture mais cela n’a pas duré… chaque coup de bêche faisait remonter des morceaux de crânes et des évènements inexpliqués terrorisaient ceux qui y travaillaient. Depuis, poussent ici, librement, plusieurs types de graminées. Et sous leurs racines se trouvent les restes de plus de 150 000 personnes : certaines ont été incinérées et leurs cendres répandues là, mais d’autres furent jetées dans de grands fossés creusés ici même et sont mortes après une lente agonie, étouffés par d’autres corps empilés sur le leur. Et leurs restes furent brûlés directement sur place… certains étaient alors encore vivants ! Hommes, femmes, enfants… ne vous fiez pas à la beauté naturelle de cet endroit, le sol n’est que restes humains. D’ailleurs, quand une brise se lève, des nuages de cendres se lèvent et viennent se coller aux bâtiments de l’île.

Longue de quelques mètres à peine, la plage de l’île est loin d’être un paradis ! Son sable est gris, mêlé à des cendres humaines venues des champs et dans l’eau se trouvent de nombreux restes humains. Ce qui explique pourquoi aucun pêcheur ne vient par là, car il risquerait de trouver dans ses filets plus d’os que de poissons. Mais les employés du C.R.P.S. se sont faits à cette particularité de cette île et les plus anciens ne tressaillissent même plus quand, en creusant un peu le sable, ils tombent sur un morceau de fémur ou de crâne. Et puis, en été, l’eau est si bonne… ce serait dommage de ne pas en profiter ! Juste une chose : ne vous promenez pas là les soirs de pleine lune car les marées se montrent alors rapides et surprenantes de force ! L’île a, aussi, déjà subi le choc de plusieurs raz-de-marée… méfiez-vous des flots !

Grande étendue octogonale construite entièrement par l’Homme en 1645 pour protéger et contrôler l’entrée du lagon vénitien. Il en existait à l’époque quatre, mais un seul a résisté face au temps… Aujourd’hui, c’est une grande étendue plane, couverte de verdure. Le C.R.P.S. ne l’utilise pas pour le moment mais de nombreux projets de construction sont discutés : pourquoi ne pas y ériger de nouveaux laboratoires ou des appartements plus spacieux que ceux déjà en place sur l’île ? Ou, peut-on construire là un gymnase pour permettre aux membres du C.R.P.S. de s’entraîner, eux qui sont souvent confrontés à des situations demandant une grande force psychique et physique ? Bref. Pour le moment, l’octogone est un terrain laissé à l’abandon et difficile d’accès, qui plus est : aucune passerelle n’existe entre lui et le reste de l’île. Il faut y aller en nageant, ou en empruntant une barque.